Entre début juillet et la mi-septembre j’ai pédalé (en couple puis seule) 2750 km de vélo en Écosse. Oui , c’est fort peu par rapport à d’ordinaire mais le kilométrage à pied le long du littoral compense allégrement .

Quelques informations pratiques :
Les transports pour s’y rendre/ en revenir :
Pour y aller nous avons pris notre voiture personnelle chargée des deux vélos et de toutes nos sacoches, pris le ferry entre Calais et Douvres puis conduit jusqu’à Fort William.
Nous avons fait un arrangement avec un hôtel pour pouvoir laisser notre véhicule pendant deux semaines puis enfourché nos vélos.
Pour en revenir , j’avais réservé depuis longtemps le Caledonian Sleeper 🚅 (train de nuit entre l’Écosse et la gare de Euston à Londres) avec une place pour un vélo non démonté.
Puis un siège dans le 🚂 London St Pancras – Dover Priory (exploité par South Eastern ) . Il n’est pas possible de réserver une place pour un vélo non démonté, nous avons le droit de nous y installer dans la limite des places disponibles. ( bon à savoir, la gare de Saint Pancras est toute proche de celle d’Euston, inutile de prévoir trop large , d’autant que je ne sais pas si c’est toujours le cas mais mon caledonian sleeper est arrivé très en avance à la gare d’Euston)
C’est ici clairement la partie du voyage qui m’inquiétait le plus : j’avais peur de ne pouvoir y installer Corentine et de louper ma correspondance; en fait j’étais en avance et donc vu beaucoup d’arrivées/ départs de train avant le mien , aucune inquiétude à avoir le matin : les trains arrivent pleins à craquer et repartent quasiment vide. Il nous faut s’installer dans la voiture à porte orange située à une des extrémités du train, c’est la voiture réservée pour les PMR et les vélos.
À Douvres j’ai rejoint l’énorme terminal ferry ⛴️ pour embarquer pour Calais 🇫🇷 puis j’ai suivi la ligne tracée au sol spécialement pour les vélos afin de rejoindre l’embarcadère.
Chic, on double toutes les voitures au contrôle , ensuite le billet se retire au terminal des camions.
A Calais j’ai suivi dans le terminal une camionnette qui m’a emmené directement sur la route du centre ville, ou je suis monté dans le TER 🚂 pour Paris. Les places pour vélos non démontés (en 2025) se réservent en plus du billet SNCF sur le site TER des hauts de France.





L’hébergement :
Quasiment exclusivement du camping sauvage qui n’est pas interdit en Écosse (contrairement à l’Angleterre) . Je fais toujours attention de ne pas me mettre près d’un camping quand même!
Quelques nuits dans des campings payants pour profiter d’une douche et surtout d’une machine à laver et d’un dryer.
On trouve partout des toilettes publiques où il est facile de faire une toilette de chat (en prenant bien garde de ne pas mettre d’eau partout) et dans beaucoup de ports et de marinas (mais pas que ) on trouve aussi des douches à pièces ou à cartes.

Les langues :
L’anglais (avec parfois un fort accent) est parlé évidemment partout, j’ai eu la tristesse de constater que le gaélique écossais , que j’ai étudié longtemps , était beaucoup moins pratiqué qu’il y a 10 ans. (j’ai quand même réussi à échanger quelques mots de temps à autres)

Les spécificités sur la route :
Évidemment on roule à gauche. Il y a encore (mais de moins en moins) des single track roads ( routes à une seule voie) avec des passing places (aires pour se croiser) régulièrement. Il convient de s’arrêter pour laisser passer les véhicules qui arrivent en face, mais aussi pour permettre le dépassement.
Alors oui, on y perd du temps, mais personnellement je les adore : les véhicules sont obligés de ne pas rouler trop vite pour anticiper ce qui arrive en face, de surcroît on se dit tout le temps merci, soit d’un geste de la main, soit d’un clignotement double (qui remplace le plus souvent le « tut-tut » systématique des décennies précédentes)

Les midges
alias le moustique des Highlands (Culicoides impunctatus) : c’est la plaie de l’Écosse !
Ce sont de minuscules moucherons piqueurs qui vous rendent fous. Ils peuvent former des nuages si denses qu’on ne peut plus ouvrir la bouche et attaquent le moindre petit bout de peau qu’ils arrivent à atteindre .
Ils aiment les zones humides (tourbières) et sont si petits qu’ils disparaissent dès lors que le vent passe les 11 km/h
Munissez vous ABSOLUMENT d’une moustiquaire de tête que vous pouvez enfiler sur le casque (les petits salopiots vont se cacher dans les anfractuosités!), et de produits anti-midges .
Nous réagissons tous différemment aux midges comme aux répulsifs. Ayant beaucoup voyagé en Écosse j’en ai testé beaucoup , le S-midges que certains adorent n’a strictement aucun effet sur moi (je continue à me faire bouffer) , tout comme le Skin So Soft Dry Oil d’AVON (autant pisser dans un violon) . J’ai aussi testé un produit naturel à base de violette (ou un truc comme ça) d’aucune utilité.
La seule chose qui fonctionne réellement en ce qui me concerne sont les produits à base de DEET .
Au bivouac cette astuce , déjà testé en Laponie, a réellement sauvé nos vacances, c’est MA-GI-QUE!
Les tiques :
Il y a encore quelques décennies je n’avais jamais vu une tique en Écosse, elles sont maintenant légion! La DEET (employée contre les midges) a été notre allié dès lors que nous nous éloignions de l’asphalte. Comme en France fuyez les fougères, il m’a fallu les traverser une fois pour rejoindre un bivouac, je n’ai jamais vu autant de tiques de ma vie sur ma petite personne : j’ai bien dû en éradiquer au moins 80!

Le temps écossais :
Il est célèbre pour être peu engageant : la couche nuageuse (surtout à l’Ouest) présente mais peu épaisse entraînant une alternance d’averses et d’éclaircies tout au long de la journée (dixit ce célèbre dicton local : « si le temps ne te plaît pas , attend cinq minutes ») .

Malgré tout le réchauffement climatique se fait aussi ressentir dans la météo, de plus en plus au fil des ans s’installent une chape de nuage qui peut faire pleuvoir parfois pendant plusieurs jours , suivie (ou pas) d’une succession de journée ensoleillées.
Ouf : j’ai échappé cette fois ci à la semaine complète de flotte qui avait tant mis mes nerfs à vif en 2017 comme en 2016.
Le trajet :
Je n’ai pas fait le tri dans mes GPX mais il n’y a pas tant de routes que ça, il vous suffit d’éviter les plus grosses pour retrouver notre itinéraire.
De Fort William jusqu’à Oban, la national Cycle Route 78 est une petite merveille de piste cyclable, dont on peut prendre le temps de s’échapper pour se promener dans les péninsules qui la bordent (autour de Airds Hill ou vers l’île d’Eriska , qui elle, reste privée)
Pour l’atteindre il vous faut commencer par prendre le Camusnagaul Ferry (qui embarque exclusivement des piétons et des cyclistes) pour prendre l’autre rive du Loch Linnhe. Un autre ferry (gratuit pour les vélos) entre Corran et Inchree vous permettra de traverser à nouveau quelques miles plus bas)
Note aux Francais : En Écosse, « loch » ne se prononce par « lok », on dit /Lɔx/ ( le x étant la même prononciation que la jota espagnole) :
(fichier audio de https://learngaelic.scot/dictionary/index.jsp )
Depuis Oban nous devions prendre un ferry de la Caledonian Mac Brayne ( alias la « Calmac » qui est la compagnie qui régit l’entièreté des ferries dans les Hébrides) pour l’île de Barra, mais tout affichait complet pour la journée. L’essor du voyage à vélo est maintenant très sensible, et l’Hebridean Way est devenu célèbre : il faut désormais réserver même pour les vélos! (il n’y a que 6 cyclistes acceptés par ferry)
Bref nous changeons immédiatement notre fusil d’épaule pour aller passer la journée et la nuit sur l’île de Kerrera/Cearrara que nous découvrons avec grand plaisir (il y a une douche et une machine à laver payante accessibles à la marina)
Les Hébrides extérieures/Na h-Eileanan Siar :
[les liens sur les mots en gaélique pointent vers les fichiers audio de https://learngaelic.scot/dictionary/index.jsp ]
C’est la 3ème fois que je les explore à vélo (et bien plus encore à pied et en voiture) je ne m’en lasse pas. Chaque île a ses spécificités, chaque voyageur a ses préférences.
Barra/Eilean Bharraigh est ma préférée, c’est une petite île vallonnée et variée, elle offre toujours des paysages extraordinaires et ses plages de sable blanc sont de toutes beauté (ne loupez l’aéroport, c’est l’un des plus curieux au monde)
Uist/Uibhist est formé de deux iles (South Uist/Uibhist a’ Deas et North Uist /Uibhist a Tuath relié par des digues via Benbecula/ Beinn na Faoghla On les considère volontiers comme des îles toute plates formant une dentelle de loch et de cours d’eau, on oublie volontiers que le Beinn mhor (le « grand mont » en gaélique) culmine à 620m à quelques encablures de la mer.
Absolument inaccessible en vélo, il faut faudra affronter les tourbières pour pouvoir admirer la vue depuis son sommet.
Harris/na Hearadh et Lewis/Leòdhas ne forment en réalité qu’une seule île . Le découpage est géographiquement curieux et semble arbitraire (il y a bien un isthme… qui sépare South Harris de North Harris!) . Elles sont pourtant bien différentes.
Toutes les deux offrent des paysages côtiers magnifiques et des plages de sable argenté incroyables mais Harris est beaucoup plus vallonnée. Elle est caillouteuse et hostile. Ne cherchez pas à bivouaquer à l’intérieur des terres, vous pourriez chercher longtemps.
Nous avions prévu de rejoindre la voiture à Fort William depuis Stornoway puis Ullapool.
Mais la perspective de retrouver des routes pleines de voitures alors que nous nous régalions ici nous a incité à faire demi-tour. Nous avons donc oublié Lewis (que nous connaissons déjà bien ) pour revenir sur nos pas via le ferry de Lochboisdale à Oban.
De Fort William à Thurso
Mon tendre et cher ayant regagné la France en voiture j’ai repris Corentine 🚲 en direction du Nord.
Direction Mallaig/Malaig pour prendre le ferry pour l’île de Skye/An t-Eilean Sgitheanach, le seul moyen pour moi d’éviter de traverser toute l’Écosse via Inverness/Inbhir Nis .
J’ai soigneusement évité de m’arrêter au viaduc de Glenfinnan/Gleann Fhionnainn , le lieu croulant sous les voitures de touristes, comme l’île de Skye qui est devenu impraticable en été. Je suis juste passé rapidement entre Armadale et Kyle of Lochalsh/Caol Loch Aillse
Les péninsules d’Assynt/Asainte et d’Ardnarmurchan/Àird nam Murchan sont par contre de véritables joyaux encore préservés, ne les manquez surtout pas.
Les Orcades/ Orkney islands
Je n’étais pas revenu aux Orcades depuis très longtemps. Ces îles (surtout « mainland » la principale ) sont beaucoup moins sauvages que les Hébrides. L’intérêt c’est vraiment le littoral mais aussi l’aspect historique de Scapa Flow (base marine pendant la 2eme guerre mondiale) . Les musées sont absolument parfaits pour s’instruire, se sécher et se réchauffer 😀
Je n’ai pas eu le temps de visiter toutes les très nombreuses îles de l’archipel, j’y reviendrai peut être. Je me suis régalé des balades le long de la mer , des phoques et des oiseaux qui y nichent.
(Vous vous sentez seul.e au bivouac? Chantez!)
Les ferries qui desservent les îles sont gratuits pour les vélos, ils sont faciles à réserver et à prix modiques https://www.orkneyferries.co.uk/

Les Shetland / Shetland Islands
Archipel britannique le plus septentrional (j’ai pris le ferry depuis les Orcades), patrie des poneys Shetland, animaux maltraités pendant des siècles (bête à viande puis animaux de trait dans les mines) ils sont maintenant exclusivement des animaux de compagnie.

Ici la Scandinavie n’est pas loin et pas seulement dans la toponymie. La terre la plus proche est norvégienne.
Comme aux Orcades il ne faut pas hésiter à aller d’île en île, le vélo est gratuit (en tout cas pour les principales îles) , on ne paye que pour une seule traversée (le retour est gratuit) https://www.shetland.gov.uk/ferries . La délinquance sur l’île est proche de zéro : c’est sans crainte que je laissais Corentine immobilisée avec un antivol pour crapahuter sur les falaises. Fous de bassan mais aussi attaques de grand labbes garanties!
Ma tente moribonde ne m’a pas permis d’en profiter tout à plein ( le vent y est toujours très présent) je reviendrai un jour explorer Foula et Papa Stour!
Quelques photos :

































































